Construire son entourage professionnel

En tant que musicien.ne.s indépendant.e.s, vous êtes amené.e.s à développer d’autres aspects autour de votre projet, outre la musique : 

  • l’enregistrement, le mixage, le mastering
  • la communication
  • le booking
  • la relations presse 
  • la stratégie de développement
  • l’univers visuel (graphisme, photos, clips…)
  • le pressage, le merchandising 

Beaucoup se positionnent comme musicien.ne.s entrepreneur.euse.s et décident d’entreprendre aussi toutes ces tâches. C’est honorable, surtout quand on commence et qu’on n’a pas d’autre choix. Cependant, tous ces aspects représentent des métiers spécialisés et vous pouvez trouver des personnes compétentes pour vous accompagner et construire votre entourage professionnel, petit à petit.

Nous allons faire le tour des acteur.ice.s de l’industrie musicale afin de vous permettre d’y voir plus clair sur les rôles de chacun.e et de constituer progressivement votre équipe. 

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Manager

Le.a manager.euse est le 1er allié.e de l’artiste ou du groupe et a pour objectif de défendre ses intérêts et de porter le projet le plus loin possible. 

Iel a pour rôle de vous proposer une stratégie de développement au travers de retroplannings précis permettant de planifier vos projets et de les sortir de manière cohérente. Le manager dispose également d’un réseau d’autres structures ou prestataires qu’iel peut vous aider à démarcher comme des tourneurs, des attachés de presse, des labels ou encore vous aider à trouver un studio d’enregistrement ou un réalisateur pour votre clip par exemple. 

Iel vous accompagne dans l’ensemble des aspects de votre projet et joue un rôle d’intermédiaire entre vous, le reste de votre équipe et les éventuels prestataires. Le.a manager.euse vous accompagne dans la signature des contrats et les négociations financières, iel peut aussi vous aider à trouver des financements si cela fait partie de ses compétences. Cependant, chaque manager.euse a des compétences différentes : certain.e.s peuvent aussi vous conseiller sur la communication par exemple. 

Le système de rémunération des managers.euses est généralement un pourcentage de 15% sur l’ensemble des revenus de l’artiste (cachets de concerts, ventes d’albums, merchandising, avance label ou éditeur…). Cependant, difficile de se rémunérer pour les managers.euses qui accompagnent des artistes encore en développement et qui ne génèrent aucun chiffre, certain.e.s font simplement le pari et acceptent ces conditions tandis que d’autres proposeront éventuellement des rémunérations forfaitaires dans l’attente de pouvoir fonctionner par pourcentages.

Label

Avant tout il est intéressant de savoir que tous les labels ne sont pas structurés de la même façon et ne font pas tous la même chose. Cependant, le rôle universel d’un label est d’accompagner les artistes dans leur développement. Certains assument les mêmes rôles que le manager et sont donc chefs de projet. Il vont donc vous proposer un planning, une stratégie de développement et de marketing / communication afin de développer au maximum votre projet. D’autres peuvent également se charger également ou uniquement de la distribution du projet, et financer les pressages CDs et vinyles. Certains labels ont les moyens de participer financièrement au développement du projet et vont prendre le rôle d’investisseur en finançant des enregistrements, clips, & promotion. 

Il existe différents contrats de label : 

  • le contrat d’artiste : le label s’occupe de la distribution, du marketing mais est aussi producteur phonographique exclusif. Il finance ces 3 volets et est donc Master owner. Pour cela il va financer l’enregistrement mais aussi le mix, le mastering, rémunérer les artistes en cachets pour le nombre de jours en studio et la totalité des frais de promotion, de distribution et de marketing liés à l’enregistrement financé. Attention, un contrat d’artiste va donc vous amener à céder vos droits d’exploitation et de propriété intellectuelle à la maison de disque. Si vous souhaitez rompre le contrat et récupérer le rôle de Master Owner, vous devrez racheter au label les droits de l’enregistrement. 
  • le contrat de licence : ce type de contrat est un bon compromis pour rester Master Owner tout en bénéficiant du soutien du label au niveau de la promotion, du marketing et de la distribution de votre album. 
  • le contrat de distribution : il consiste pour le label à s’occuper uniquement de votre distribution physique et/ou digitale. Si le label s’occupe de la distribution physique, il prend généralement en charge le pressage de votre album. 

La part du label sur un contrat d’artiste peut s’étendre jusqu’à 80% des revenus générés par l’artiste, contre 60% pour un contrat de licence et 40% pour un contrat de distribution. ATTENTION, chaque structure fonctionne différemment et régit de ses propres termes & conditions en fonction de la taille et de la politique du label. Certains prennent plus d’autres moins, en fonction de l’étendue de leur engagement notamment financier.

Attaché.e de presse

Un.e attaché.e de presse est un.e professionnel.lle chargé.e de la promotion de votre projet auprès des médias de manière continue ou ponctuelle. Son rôle est de cibler une sélection de médias adaptée à votre musique et de les démarcher pour leur présenter votre nouveau single / clip, EP, album ou encore date de tournées. Son travail consiste également à évaluer l’impact qu’a eu son travail auprès des médias grâce à une revue de presse qui réunit l’ensemble des retombées médiatiques où figure votre projet. Attention, l’attaché(e) de presse a une obligation de moyens mais pas de résultats. Iel s’engage à contacter les médias qu’iel juge pertinents dans le cadre de sa mission mais il est impossible de prédire les retombées médiatiques. 

Indicatifs de délais : 

Pour la promotion de votre album, contactez l’attaché.e de presse une fois que vous avez le produit fini ou lorsque vous êtes en cours d’enregistrement si vous avez des maquettes à disposition. La plupart des attaché.e.s de presse travaillent 5 à 6 mois en amont de la sortie d’un album. Pour un single/clip, iel travaille un à deux mois en amont de la sortie. Dans tous les cas, on vous conseille de les contacter le plus tôt possible pour vous garantir une place dans son planning probablement chargé. Prévoyez aussi ce temps de promotion dans votre propre planning, entre le moment où vous allez terminer l’enregistrement et où vous allez sortir votre album. Il n’est pas possible de faire la promotion d’un album en un ou deux mois, un.e attaché.e de presse a besoin de temps pour défendre au mieux votre projet et d’avoir le plus de retombées médiatiques possibles. 

Tourneur.euse.

Le.a tourneur.euse est un.e partenaire essentiel.lle. si vous voulez défendre votre projet en live. Son rôle est de prospecter les lieux de diffusions, de fixer et de négocier vos conditions de représentations live et d’organiser d’éventuelles tournées ou de produire des concerts. Le.a tourneur.euse fonctionne sur un système de pourcentage allant jusqu’à 20% sur les cachets des dates qu’il programme pour vous. Certain.e.s d’entre ielles sont en mesure de vous accompagner plus largement sur la production en vous aidant à trouver des résidences, des partenaires pour monter votre spectacle (ingénieurs du son, lumières et autres techniciens du spectacle), ou encore investir financièrement dans votre projet LIVE. Le.a tourneur.euse établit un contrat de cession avec le lieu de diffusion, iel vend un spectacle et s’engage en tant qu’employeur.se via sa structure. Une fois ce contrat signé, le.a tourneur.euse devient donc votre employeur.se en vous rémunérant sous forme d’un cachet d’intermittence individuel. 

Attention, à ne pas confondre avec un.e booker.euse ! Dont le rôle est de vous booker des dates et faire la promotion de votre projet auprès des lieux diffusion cependant son travail n’inclut pas la partie production comme le tourneur. Iel fonctionne également au pourcentage mais n’est pas en charge de vous rémunérer directement, contrairement au tourneur iel n’est pas employeur. 

Enfin, les producteurs de spectacle (qui sont le plus souvent de grosses structures comme Gérard Drouot Productions ou Livenation) prennent en charge la location de la salle de spectacle, aussi grande soit elle, ainsi que la rémunération des artistes et de l’équipe technique nécessaire à la production du spectacle. Les producteurs de spectacle se rentabilisent ensuite sur les billetteries. 

Comment se rendre visible auprès des ces acteurs du live ? A n’importe quel niveau de développement, des bookers.euses ou tourneurs.euses peuvent être intéressé.e.s par votre projet. Faites vos recherches et ciblez celleux qui sont susceptibles d’accompagner des projets en développement, et dont l’esthétique musicale correspond au vôtre. Que vous signez avec une petite ou une grosse structure, cela n’a pas d’importance. L’important est de trouver un.e partenaire qui croit en vous et en votre projet et qui le défendra auprès de son réseau professionnel. Pour les démarcher, privilégiez les vidéos live de bonne qualité. Comme pour les attaché.e.s de presse, le booking se fait au minimum 6 mois à l’avance, ce qui implique de s’y prendre suffisamment à l’avance pour la prise de contact.

Distributeur

Comme son nom l’indique, son rôle est de vous distribuer. Certaines structures sont des distributeurs uniquement digitaux et se chargent donc simplement de la mise en ligne de votre musique sur les différentes plateformes et d’optimiser leurs sorties sur celles-ci comme en soumettant votre morceau en playlist par exemple. 

D’autres se chargent également de la distribution physique qu’il effectue via son réseau de partenaires (comme la FNAC, Cultura, ou autres disquaires). Enfin, les distributeurs physiques peuvent parfois prendre en charge le pressage des CDS et/ou des vinyles afin de vous permettre de produire le volume nécessaire pour la distribution en points de vente. 

Éditeur.ice

L’éditeur.ice est un.e partenaire très intéressant pour les auteurs-compositeurs. Ses missions peuvent varier mais son objectif reste le même : développer le projet et notamment sa notoriété. L’éditeur.ice peut investir financièrement dans le projet concernant tous les frais engendrés par la production phonographique et parfois même dans sa promotion. 

Iel prend une part dans les droits d’auteurs SACEM, sa rémunération va donc dépendre du montant des droits générés par les diffusions et autres types d’exploitation de vos titres. Sa part des droits est irrévocable jusqu’à la fin de la durée légale des droits d’auteur, jusqu’à 70 ans après la mort de ce dernier. 

L’éditeur.ice a pour mission également de placer votre musique en synchronisation (publicité, musique à l’image, jeux vidéos…). C’est le défi majeur d’un.e éditeur.ice aujourd’hui. Par ailleurs, l’éditeur.ice s’occupe également de la gestion et de la diffusion des partitions de musique et de paroles des artistes, qui régissent également de droits d’exploitation spécifiques. 

D’autres partenaires essentiels

  • INGÉNIEUR.E.S DU SON 
  • CHARGÉ.E.S DE COMMUNICATION
  • GRAPHISTES
  • PHOTOGRAPHES
  • RÉALISATEUR.ICES.S
  • PRESSEUR
  • IMPRIMEUR MERCHANDISING 

Même si toutes ces prestations ont un coût, des métiers sont derrière. Ces métiers ne sont pas tous les mêmes : le.a manager.euse n’est pas tourneur.euse et inversement. Petite piqûre de rappel également : on ne paie pas les gens en visibilité. 

Lorsque l’on veut développer son projet et que l’on ne sait pas faire certaines choses soi-même (ce qui est normal, être musicien.nne ne signifie pas être un.e bon.nne communiquant.e ou ingénieur.e du son, chacun son métier !), il est nécessaire d’investir financièrement pour vous entourer de professionnel.le.s qui sauront vous accompagner et vous conseiller au mieux !

D’autres acteurs.rices ou structures peuvent vous accompagner comme des SMACS, ou d’autres structures proposant des dispositifs d’accompagnement aux artistes.

Construire son entourage professionnel

C’est bien beau tout ça, mais comment trouver un manager, un label, un distributeur, un tourneur, un ingé-son ou encore un graphiste ?

Il n’y a pas de grand secret, beaucoup d’artistes se font découvrir en live par des acteurs de l’industrie. Mais aujourd’hui, avec l’absence de concerts, c’est plus compliqué. Pas d’autre choix que de mettre le paquet sur votre communication et la promotion de votre projet. Il est également essentiel d’investir financièrement dans votre projet pour trouver des partenaires adéquats qui vous aideront à vous crédibiliser (attaché.e.s de presse, graphistes, photographes, community manager etc), mais aussi évidemment produire régulièrement du contenu afin de faire parler de vous.

La meilleure piste pour former son équipe, reste toutefois de faire une veille en recherchant des informations sur l’entourage professionnel d’artistes ou de groupes similaires à votre projet, à un niveau de développement légèrement supérieur. Vous pouvez souvent trouver leurs contacts via les pages Facebook ou Instagram des artistes qui précisent qui contacter pour leur booking, leur promo, leur label etc. Il y a certains “rendez-vous” ou tremplins phares dans l’année pour l’industrie musicale comme le MaMa Festival, les Transmusicales, les Inouïs du Printemps de Bourges, les sélections du FAIR, les bars en trans, les Francofolies, le grand prix RICARD live, le prix CHORUS… C’est via ce type d’événements ou de dispositifs qu’il faut se diriger pour acquérir une visibilité auprès du réseau pro en quête de nouveaux talents.

Pour démarcher il vous faut de la matière : des maquettes / démos audibles ou des enregistrements déjà finalisés, des vidéos de bonne qualité (live & clips), un univers singulier à présenter (concept, identité visuelle, musique), un dossier de presse travaillé avec une éventuelle revue de presse, et surtout des projets à venir ! Pensez à les contacter bien en amont de vos sorties afin de pouvoir bénéficier de leur accompagnement.

Article rédigé par Angela Dufin.

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